LCDLA - PRÉSENTATION - Une montagne aux Pays-Bas


De Nederlandse Berg © lumine.nl

Une unique montagne dans ce plat pays qui est le leur
Le 31 août dernier, dans les colonnes du quotidien néerlandais Algemeen Dagblad (AD), le journaliste Luuk Kortekaas décrit par le menu les enjeux d’une réunion tenue entre les acteurs d’un projet «impensable» : la construction aux Pays-Bas d’une montagne de 2.000 mètres. Ski, patinage, courses cyclistes, air pur. Ne manque plus que les aigles... et quelques milliards d’euros.

UNE MONTAGNE DE 2.000 METRES ARRIVE AUX PAYS-BAS
Luuk Kortekaas | Algemeen Dagblad (AD) | Pays-Bas
31-08-2011
Adapté par: Michael Koller

UTRECHT - Cela coûte une fortune mais, au moins, cela en vaut la peine ! Pour environ 200 milliards d'euros, les Pays-Bas peuvent se construire une montagne de 2.000 mètres d'altitude. L’idée de l'ancien coureur cycliste Thijs Zonneveld prend forme, lentement mais sûrement, et ce projet deviendra, s’il se réalise, la plus grande construction jamais édifiée par l'Homme. «On ne devrait plus aller en Autriche pour skier !».

On devrait y trouver finalement la piste de patin à glace la plus rapide du monde. En hiver, on aurait l'assurance de trouver une piste enneigée d'au moins cinq kilomètres de long et on pourrait profiter d'un air pur à deux pas de la plage de la mer du Nord.

Une montagne aux Pays-Bas !
Tout a commencé avec une idée folle de Thijs Zonneveld, l'ancien coureur cycliste, parue dans un article du quotidien néerlandais De Pers. Depuis, aux Pays-Bas, on dessine et on calcule de manière effrénée pour tenter de rendre possible et de réaliser cette montagne de 2.000 mètres d'altitude.

«Bien évidement c'est possible», affirme Martin Dubbeling, ingénieur et urbaniste au bureau SAB. «C'est une question de volonté et de soutien. Si ces deux conditions sont réunies, on peut réussir. Rappelons que les Français et les Anglais, eux aussi, voulaient à l'époque un tunnel sous la Manche et personne ne pensait que cela était possible. Mais aujourd'hui, il existe ce tunnel sous la Manche».

«Si on veut, on peut», pense pour sa part Jasper Ponte, géographe physique et constructeur chez Brink Groep. «Techniquement, on trouve toujours des solutions. Elles sont complexes mais elles existent».

La devise
Ponte et Dubbeling se sont rencontrés [le mardi 30 août] pour réfléchir à ce projet dans un hôtel à Utrecht, bien entendu en présence de Thijs Zonneveld. Le credo de cette réunion était simple : «La montagne néerlandaise arrive».

De Nederlandse Berg © DHV.com

DHV, un bureau réputé en ingénierie, a déjà présenté un projet prudent. Il prévoit une montagne avec un sommet à plus de 2.000 mètres d'altitude, des pentes d'une superficie de 120km² et une base mesurant douze kilomètres d'Est en Ouest. Elle serait située à dix kilomètres de la côte près de Bergen aan Zee. Si elle est constituée entièrement de sable, elle en nécessitera pas moins de 77 milliards de mètres cubes. Pour cela, une drague de 16.000 mètres cubes devra faire 4,5 millions d'allers-retours.

C'est un projet en lequel il faut croire car techniquement c'est possible, assure DHV. La montagne reposera sur le plateau continental, lequel est constitué d'une grosse couche de sable épais pouvant supporter un tel poids.

Sur cette montagne, il y aura assez d'espace pour faire du ski et des courses cyclistes, sans oublier l'alpinisme. On installera aussi une piste de patin à glace qui sera située à 1.977 mètres d'altitude. Pendant tout l'hiver, la montage aura de la neige et ce dès 500 mètres.

Financièrement, c'est encore compliqué. Ce qui est sûr, c'est que Dieu l'aurait créée pour moins cher ! DHV n'a pas calculé en détail le prix de cette montagne. Mais Jasper Ponte en donne une estimation.

«Un mètre cube de sable coûte trois euros. Il faut alors 210 milliards d'euros pour 70 milliards de mètre cube», explique-t-il. «Même si on trouve des solutions moins onéreuses, il faudra cependant, avec un prêt à 6%, dégager un profit de près de six milliards. Cela n'est pas envisageable bien sûr d’autant qu’en plus, ce calcul n'a pas encore pris en compte l'infrastructure nécessaire pour le transport des personnes».

La montagne de la mer du Nord, tel le Fuji, le fameux mont japonais, n'est du reste pas l'unique option. Le bureau Hoffers Krüger a montré un exemple de piton avec le polder du Flevo.

De Nederlandse Berg © hofferskruger.com

L'ingénieur en urbanisme Martin Dubbeling en sait quelque chose : «En tant que Néerlandais, nous pensons toujours à une sorte de montagne suisse comme dans Heidi. Mais on pourrait aussi construire une montagne plate au sommet ou deux montagnes avec un cratère au milieu. Et d'ailleurs, est-ce que c'est réellement nécessaire de construire une montagne ? Peut-être y a-t-il un pays qui a une montagne en solde. Dans ce cas-là, pourquoi ne pas la racheter ? Qu'en pensez-vous ? Et si on creusait un trou de 2.000 mètres de profondeur ? Dans ce cas-là, on aurait aussi une montagne mais il y aurait d'autres problèmes. Pour n'en citer qu'un : il n'y aurait pas de neige mais de l'eau».

Le financement doit éviter que cela devienne une montagne de dettes comme en Grèce.

Impensable
Bien que la volonté soit surtout de penser à des solutions et non à des problèmes, le plus grand problème aux Pays-Bas va concerner le sol.

«Imaginez que l'on construise cette montagne dans l'est du pays, son poids ferait une telle pression que la Randstad* se soulèverait», souligne Ponte. «Cette montée du sol dépend surtout du type de construction que l’on choisira».

«Ces contraintes pourront être calculées quand on disposera davantage d'informations. Hier (le mardi 30 août), lors de cette réunion, il était encore trop tôt pour installer un spa tandis que la recherche de financements prend du retard. C'est la raison pour laquelle il nous faut, dans les années à venir, réunir nos forces afin d’effectuer une vaste étude de faisabilité», dit-il.

Peut-être fixera-t-on aussi une année de début de construction mais, en attendant, cela reste un rêve.

Cela écrit, «en tout cas, aujourd'hui, j'ai réussi à rendre imaginable ce qui était, jusqu'à maintenant, impensable», conclut Thijs Zonneveld avec le sourire.

* Randstad ou Randstad Holland, littéralement conurbation de Hollande en Néerlandais, est une conurbation réunissant aux Pays-Bas les villes d'Utrecht, Amsterdam, La Haye et Rotterdam.

 
Thijs Zonneveld

  © Blogger templates Brooklyn by Ourblogtemplates.com 2008

Back to TOP